C’est tout ce qu’ils nous restent

C’est tout ce qu’il me reste, chantait Thomas.

C’est toutes ces petites choses insignifiantes aux yeux des comptables, ces choses inutiles de l’avis des gens littéralement bornés, ces trésors insoupçonnés par tous les adultes. Ce sont ces choses invisibles pour les yeux de tous ces messieurs trop sérieux… Dans cette parenthèse outrancière inattendue, rien n’est plus important pourtant. Il y a t-il quelqu’un dans l’assistance qui parle la langue d’Albert ? Qui a choisi ? Qui a renoncé ?

Pour certains c’est se lever aux aurores, sortir du lit en mode furtif et aller marcher dans l’herbe encore humide de la rosée matinale. Pour d’autres c’est voir quelqu’un déposer des courses devant la porte d’un ancien. On a tous un exemple. Ce n’est pas rare contrairement aux idées reçues, c’est par contre plus rare de les voir pour ce qu’ils sont. Combien sont devenus aveugles ? Combien ont oublié ces choses ? Dans cette parenthèse forcée, c’est tout ce qu’ils nous restent. Ils sont partout pour celui qui a gardé ses yeux d’enfants.

Un de ces instants peut vous marquer longtemps : Ce moment où tu reviens chez toi avant le petit jour. Tu roules la tête dans les nuages d’un amour retrouvé. Tu tournes à droite au rond-point désert comme d’habitude…Et là tu les vois, ils sont quinze, trente ou bien soixante-dix sur une bande d’herbe déserte le jour. Avec leurs moustaches, leurs grandes oreilles et leurs frimousses innocentes. Alors tu ouvres l’œil, tu ralentis, tu te sens privilégié de voir ça et tu te dis que vraiment la vie est merveilleuse…

Il avait dit qu’il n’y avait que deux façons de vivre sa vie, « l’une en faisant comme si rien n’était un miracle, l’autre en faisant comme si tout était un miracle » .

J’ai choisi, et vous ?

Dans cette parenthèse qui pourrait être un mouroir ou bien un miroir, pourquoi choisir de rester dans le noir. Reprendre la plume, reprendre le pinceau, travailler à s’évader… en pensée à nouveau. Où sont les poètes, les optimistes, les marginaux à la pensée fantaisiste ? Où sont les conteurs d’histoires à la gouaille mémorable et les musiciens de salon qui savent prendre des risques ? Sortez vos chemises à fleurs, vos cols pelle à tarte, votre bonne humeur cachée derrière votre écharpe ! Faites la bise par un regard bienveillant, faites la chaleur par vos sourires de résistants. N’attendez pas le merveilleux, il est déjà partout où vous voudrez bien le voir !

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